Suite à une visite chez le dentiste qui propose de lui implanter de nouvelles dents, l’auteur, un écrivain américain formé en philosophie à Harvard, décide de prendre des vacances en Grèce et d’y réfléchir, emportant dans sa valise quelques uns de ses livres favoris. Il séjourne à Hydra, une île au relief parfois trop pentu pour un homme de son âge… un lieu sans automobile et avec peu de commodités modernes. Il aime cet endroit paisible où il peut observer les vieillards qui s’amusent et discutent entre eux au bistrot du village Kamini, tout en méditant sur l’art du bien vieillir. Il établit un parallèle entre eux et ses amis d’Amérique qui refusent de vieillir (le ‘‘Forever young’’), se gavent de traitements hormonaux et de cures en tout genre... Il fait face à un divin dilemme : quel est le véritable épicurisme, celui de la jeunesse éternelle et du bon goût ou celui du vieillir heureux ? Ses réflexions l’amènent à penser qu’être vieux est cette étape primordiale et valorisante de la vie, voire plaisante, et qu’il ne sert à rien de la gaspiller en tentant de prolonger sa jeunesse ou de la combattre comme une maladie. Gare à celui qui se traite comme un objet, scandait Sartre.
: '' It is not the young man who should be considered fortunate but the old man who has lived well, because the young man is in his prime wanders much by chance, vacillating in his beliefs, while the old man has docked in the harbor, having safeguarded his true happiness.” (Épicure)
Klein partage ses découvertes sur l’art de se concocter une petite vieillesse pleine de sens avant d’atteindre l’ultime âge avancé, avant d’être ‘‘vieux-vieux’’. La vie est ludique enseignait Platon, jouons la vie. L’auteur raconte sans embarras le plaisir qu’il ressent à se rouler dans l’herbe avec son chien et l’inspiration qui l’anime en regardant danser ses vieux compagnons du village au son du bouzouki ou encore ces vieillards français s’amusant intensément à jouer à la pétanque…Il y a plus de temps derrière soi que devant alors place à la réflexion sur les souvenirs, à donner du sens aux actions passées. Le déni à cette étape cruciale de la vie, en parcourant la terre à toute vapeur ou en se prenant pour un jeune étalon médicamenté contre les dysfonctions sexuelles, ne pourra remettre la réflexion à plus tard car plus tard il sera trop tard pour bien contempler le chemin qu’on a suivi…Une autre préoccupation des hommes consiste à vouloir laisser une trace de leur passage… Klein raconte l’anecdote de sa visite du cénotaphe d’une célébrité de l’histoire. Après une longue et pénible marche avec sa compagne Freke sur un sentier rocheux, il s’est retrouvé devant la pierre tombale d’un lointain sultan de l’Asie mineure, un nom écrit sur une pierre, sa marque dans l’histoire… Est-ce si important demande-t-il ?Un autre facteur de bonheur dans la vieillesse est l’appréciation de sa famille et de ses amis sans rien leur demander en retour. Les vieux amis grecs, nous rappelle Klein, s’assoient quotidiennement au bistrot du village souvent sans échanger un seul mot; ils se sentent bien ensemble et comme le stipulait Kant, ils sont les uns pour les autres une fin en soit et non un moyen pour atteindre une fin.Klein prescrit en terminant, qu’il est nécessaire pour vivre heureux dans un âge avancé de se dégager des facteurs de stress, des horaires qui nous dictent d’en faire toujours plus en moins de temps, de s'éloigner de la dualité horloge mécanique et horloge biologique. On peut se payer le luxe de prendre son temps et de le contempler en toute simplicité, l’oisiveté étant une qualité à cet âge…L’auteur a su s’inspirer de nombreux auteurs tels Kierkergard, Socrate, Dickens, Eriksson dont il fut l’étudiant, et d'Aristote qui affirmait que « an education is the best provision for the journey to old age. ». Une belle réflexion sur ce qu’être vieux. Maintenant, voyons si je peux dénicher un livre décrivant les bienfaits du Forever Young...
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