Le lever s'est fait tardif, déjà une heure de retard au jour J... J'enfile rapidement un petit déjeuner copieux, je me vêts puis pars de tôt matin traverser la ville pour aller faire la course hypothermique.
La course a lieu sur un terrain de golf situé dans le secteur industriel des NTIC et de la recherche spatiale, ma première visite du coin... J'arrive à destination avec hésitation, je dois demander les directions à une station service. J'arrive au pavillon du club, immense et luxueux, juste à temps pour rejoindre au pas de course (les accélérations de réchauffement...) le peloton de coureurs sur la ligne de départ. Je me faufile en arrière du groupe, politesse oblige, où j'ai quelques minutes pour procéder à des exercices préparatoires. L'hiver est beaucoup moins populaire chez les coureurs, nous ne sommes que quelques centaines. Une voix devant crie des directives: le parcours a été tracé hier, il forme une boucle en forme de huit, les tunnels sont glissants, le ravitaillement d'eau est au point de départ, soit à chaque 5 kilomètres... 10, 9,...3, 2, 1, et c'est parti mon kiki ! Il neige, il fait -12 C. J'ai pris la précaution de porter une veste isolante sous mon coupe-vent... Je marche jusqu'à ce que la distance sépare enfin les participants puis je jogge les premiers kilomètres bien balisés sur le sentier, j'atteins ma cadence que je conserverai durant la course, en alternant avec de la marche rapide. J'ai chaud au premier tour, j'attache mon manteau autour de la taille. Les chansons rythmées enregistrées sur mon iPod me donnent des ailes... Deux tours, trois... je ressens des raideurs sur le coté des cuisses, les muscles tenseurs du fascia lata commencent à faire des leurs; je vais avoir à les travailler plus, par des mouvements latéraux peut-être ? Il est vrai que le terrain est instable : neige, gadoue, glace, eau, pentes... Je remets mon manteau au 4e tour, mon numéro de coureur bien en vue. C'est maintenant difficile, ma réserve d'énergie a nettement diminuée; je ne me décide pas à prendre ces gels qui se logent tout au fond de ma poche... Le dernier 1.1 km est tracé en dehors de la boucle... Je fais un sprint final et traverse enfin la ligne d'arrivée ! J'ai gagné ma médaille longuement convoitée !
Le moment d'accomplissement s'accompagne d'un état d'euphorie, de bonheur. Atteindre soukha dit le bouddhisme c'est être profondément en paix avec soi et avec son environnement, c'est un moment de pleine conscience et c'est exactement ce que je ressens en courant et surtout après coup, bien relaxe, le corps endolori de l'effort soutenu de la matinée mais apaisé, les conflits intérieurs disparus, la paix dans l'âme. Bouddha enseigne que cet état d'harmonie peut être permanent...le bonheur intérieur, détaché du preya, ces bonheurs éphémères que procure le matérialisme. Hum ! Le paradis sur terre ! C'est complexe, j'y réfléchis, le temps de récupérer...
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